En périphérie de Caen, à Fleury-sur-Orne, l’agence d’architecture Paul Le Quernec Architectes, établie à Strasbourg, vient de terminer la réalisation d’un projet complexe à la fois fonctionnel et indispensable. Avec ce projet, l’architecture est plus que jamais d’intérêt public.
par Sipane Hoh
Vue générale.
Un lieu protégé
« Concevoir une pouponnière, c’est relever le défi d’un avenir meilleur pour les enfants. » Déclare Paul Le Quernec avec fierté. Il s’agit, en effet, d’une pouponnière départementale qui accueille, depuis 1985, des enfants de 0 à 6 ans ne pouvant rester avec leur famille. Des enfants en grande difficulté qui sont confiés provisoirement au département au titre de sa mission de protection de l’enfance en danger. Des bambins auxquels il faut offrir un environnement sur-mesure, serein et à la fois confortable. Il ne s’agit pas d’un simple lieu pour un passage éphémère. L’architecte a conçu un véritable lieu protégé à l’architecture recherchée qui répond non seulement aux diverses nécessités du département, mais va bien au-delà pour offrir aux différents usagers une architecture de qualité et des espaces bien étudiés.
La Pouponnière s’étend sur 2.650 m² et comprend trois entités. Tandis que le premier bâtiment contient les divers ateliers, un autre accueille les services administratifs et médicaux, les services d’accueil parental et aussi les services de lingerie et de restauration. Quant au troisième édifice, il abrite les lieux de vie des enfants et marque, à travers son architecture, une coupure nette avec le reste du programme.
Vue drone.
Comme les pétales d’une fleur
L’architecte a conçu une passerelle unique pour lier, de l’intérieur, les unités de vie aux autres parties. A noter qu’une voie périphérique privative, à sens unique et aux deux extrémités protégées, permet, de l’extérieur, l’accès à chaque unité. Chacune des entités est considérée comme une maison à part, un lieu qui s’isole, qui dresse une certaine barrière avec le reste de la structure et tend à assurer un grand bien-être aux divers usagers. En réponse aux problématiques complexes du projet, protection, sécurité, confort et harmonie ont été les mots d’ordre de l’architecture de Paul Le Quernec.
Passerelle.
Mobilier luminaire.
Pourquoi ces espaces isolés, écartés du reste du projet ? Pour les dissimuler ? Pas du tout ! En dissociant les diverses entités comprenant les lieux de vie, à travers son architecture, Paul Le Quernec offre aux enfants qui n’ont pas une expérience heureuse avec leurs parents un environnement singulier pour mieux les protéger. Par ailleurs, l’hébergement est divisé en petites unités. Chacune de ces dernières comprend une cuisine, un séjour, des chambres, une terrasse et un jardin. Toutes les entités sont réparties autour d’un espace commun d’activités. Comme les pétales d’une fleur, à chaque partie son autonomie tout en se nourrissant de l’entité collective. Dans sa conception des formes et pour mieux répondre au caractère domestique et familial du projet, l’architecte a privilégié les formes fluides, rondes et enveloppantes qui renforcent le sentiment de sécurité et d’intimité. Chaque partie devient ainsi un cocon qui protège et soutient. Aux formes fluides, s’ajoutent des intérieurs généreux, lumineux et confortables ainsi que des extérieurs avec des végétations hautes qui sécurisent et rassurent.
Salle zen.
Vue du dôme central.
Un véritable village
L’architecte assume le fait que les bâtiments techniques n’ont pas vocation à surprendre mais à être efficaces. Ainsi, selon le programme, les ateliers ont été alignés d’une manière fonctionnelle les uns à côté des autres sans oublier de les éclairer. Quant au bâtiment logistique, il est composé de deux parties adjacentes dont les divers accès permettent l’examen du public entrant. Par ailleurs, notons que la zone de rencontres parents/enfants a été intentionnellement installée à l’entrée, pour que les parents gardent un certain recul par rapport au bâtiment. Nous remarquons que l’homme de l’art a pensé à tous les détails qu’ils soient techniques, relationnels ou même psychiques et que le projet répond à merveille à chaque problématique. La pouponnière de Fleury-sur-Orne de Paul Le Quernec est un véritable village d’enfants où l’architecture joue un rôle essentiel.
Toutes les photos © 11h45