Article d'opinion par Jan Hoffman
Aujourd'hui, la conscience sociale progresse à grands pas, on attend donc aussi du monde de la construction une gestion responsable des matières premières. On voit par conséquent apparaître sur le marché de plus en plus de choses portant le label ‘circulaire’. C’est précisément là que je m’interroge : la circularité existe-t-elle réellement, et est-ce même réalisable ?
Si on se réfère à la définition de l’économie circulaire (ou ‘cradle to cradle’, si vous voulez), la tâche semble gigantesque. Pris littéralement, cela implique un système économique et industriel n’exploitant pas de matières premières épuisables et où les déchets et matières résiduelles sont réinjectés dans le système pour être réutilisés. Un système qui prend donc le contrepied de l’économie linéaire classique, où les matières premières épuisables sont exploitées puis rejetées dans l’environnement après usage, en tant que déchets inutilisables.
Les banques de matériaux, un bon début
En pratique, on voit que des efforts considérables sont mis en place pour se conformer à cette démarche de circularité. Néanmoins, on ne voit encore rien ou en tout cas grand-chose qui ressemble à un cercle parfait. Prenez par exemple le récent phénomène des ‘banques de matériaux’. Ces banques de matériaux ont pour objectif de rassembler des matériaux qui vont au-delà du simple recyclage. Alors qu'en réalité, on va y lister ce qui est disponible et qui peut être réutilisé plus tard dans un nouveau projet, qu’il s’agisse d’acier, de briques, de planches en bois, de vitres ou autres.
Bien sûr, c’est une initiative louable et indiscutablement nécessaire mais il ne faut pas oublier que ce n’est là que le début pas la finalité des efforts. Il y a d’autres questions importantes à se poser en rapport avec ces banques de matériaux. Par exemple : comment sont produites ces pierres ou ces planches ? Utilise-t-on de l’énergie renouvelable, donc éolienne ou solaire ? Rien que là, j’imagine que la réponse va être non à quasiment 100%.
Ce qui ne signifie pas pour autant qu’aspirer à la circularité n’est qu’un emplâtre sur une jambe de bois ou de la poudre aux yeux. Mais cela démontre que le chemin vers une société parfaitement circulaire est encore long.
Secteur de la construction et déchets
Les banques de matériaux sont un exemple édifiant de ce à quoi le secteur de la construction peut ressembler dans un futur proche. Quand on sait que d’après diverses études, 40% des déchets proviennent de l'industrie de la construction, de tels projets de réutilisation constituent déjà un gigantesque pas en avant. C’est avec de telles initiatives qu'on pourra faire évoluer progressivement le Pacte vert pour l'Europe, qui doit faire de l'Europe le premier continent climatiquement neutre d’ici 2050, de l’utopie vers la réalité.
Et peut-être le plus important de tout : cela illustre le rôle essentiel du recyclage pour amorcer la machine, mais que cela ne doit pas s’arrêter là. Car le recyclage reste somme toute une démarche linéaire, où ce qu'on apporte en début de ligne termine inévitablement par un point, à un certain moment. Imaginez que nous, secteur de la construction, parvenions à faire de cette ligne un cercle. Le cercle parfait semble peut-être impossible mais cela ne doit pas nous empêcher d’essayer.